Dernière
mise à jour : 08-03-2013 |
POUR UN DÉBAT CITOYEN sur LA QUESTION ÉNERGÉTIQUE _ - E - |
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-E- | QUE FAIRE DU CO2 ... ??? |
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-E-1- |
D'après l'étude SOVACCOL citée plus haut, l'émission de C02 pour la production d'énergie électrique nucléaire, bien que 11 fois supérieure à la valeur "officielle" en France, reste tout de même 17 fois inférieure, en moyenne, à celle produite par des centrales au charbon... Et l'usage des énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) dépasse largement celui de la production d'électricité, de sorte que la relativement faible émission de CO2 pour la production d'électricité (par des centrales nucléaires ou des énergies renouvelables) ne règle pas le problème global des dégagements de CO2.
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-E-2- | Un rapport sur les Sources d’Energie dans la consommation finale française en 2010 indique en effet que "La France dépend à 69,5% des énergies fossiles. Les énergies renouvelables représentent 12% et le nucléaire 17% de l'énergie finale que nous consommons". Ce graphique visualise les ordres de grandeurs des différentes sources d'énergie consommées en France : les énergies fossiles y sont prépondérantes, ce qui nécessite de s'atteler à la question des dégagements de CO2 correspondants.
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-E-3- | Le bilan énergétique de la France (mis à jour le 04/07/2011), téléchargeable sur le site du ministère de l'écologie, produit le schéma (ci-dessous) qui montre l'évolution des consommtions par secteur. Ce graphique montre aussi les ordres de grandeur des principaux secteurs de consommation et donc de dégagement de CO2. Il en ressort que:
Les
dégagements de CO2 sont donc, pour une part, évitables à
court et à moyen terme.
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-E-4- | La première question qu'on peut se poser est de savoir précisément: que devient ce CO2 ? Le
01/01/2010, la revue "La Recherche" publie une interview : EFFET
DE SERRE L'océan et la biosphère absorbent toujours le carbone. Mais le climatologue interviewé, Wolfgang Knorr, poursuit: ..."Les simulations numériques faites dans le cadre du projet international de comparaison des modèles couplés entre le climat et le cycle du carbone auquel je participe montrent que le pourcentage de CO2 anthropique restant dans l'atmosphère n'a pas encore augmenté, mais qu'il le fera très prochainement. Les puits vont donc moins bien fonctionner." Propos
confirmés par un communiqué
- du 20 novembre 2012 - de l'Organisation Météorologique
Mondiale (institution spécialisée des
Nations Unies) qui déclare: ..."La teneur de l'atmosphère en gaz à effet
de serre a atteint un nouveau record en 2011.
Le forçage radiatif de l'atmosphère par
les gaz à effet de serre, qui induit
un réchauffement du système climatique,
s'est accru de 30 % entre 1990 et 2011 à cause du dioxyde
de carbone et d'autres gaz persistants qui retiennent la chaleur... La
situation risque de changer, en effet... puisqu'en janvier 2099 déjà,
un article
du site contreinfo citait Kitack Lee professeur associé à
l’Université Coréenne des Sciences et Technologies
de Pohang, qui expliquait: "«...l’augmentation de la
température atmosphérique due au réchauffement de
la planète peut influer profondément sur la ventilation
de l’océan, ce qui diminue le taux d’absorption
du CO2. ». D'ailleurs, l'article "Puits de Carbone" de Wikipedia relève des "Résultats contradictoires sur l'état et capacités des puits de carbone océaniques", précisant : "Un autre programme, européen, CARBOOCEAN a également conclu à une situation mauvaise au nord : la capacité de puits de CO2 aurait été divisée par deux aux latitudes élevées de l'hémisphère nord, depuis 1996."
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-E-5- | Relative incertitude, donc, quant aux résultats, certains scientifiques estimant que les puits à CO2 (les océans, les sols, les forêts) en absorbent "toujours plus" de sorte que la densité de CO2 dans l'atmosphère resterait constante, d'autres constatant déjà une baisse dans la capacité d'absorption des puits à CO2... En
réalité, les résultats concernant l'absortion globale
du CO2 (par les océans, les sols, les forêts) sont
établis sur la base d'une "densité moyenne" en
CO2 dans l'atmosphère, estimée à partir
de mesures en différentes localités. Donc, selon cette méthode,
pour être assuré de la quantité totale de CO2 absorbée
dans l'atmosphère, il faudrait connaître précisément
comment varie cette densité selon la zone géographique
et en fonction de l'altitude (sachant que le CO2, assez lourd,
se trouve plutôt dans l'atmosphère inférieure).
Malgré cette relative incertitude quant aux résultats, il existe une relative convergence sur le doute que les puits à CO2 puissent, à terme et dans les mêmes proportions qu'actuellement, continuer d'absorber le CO2 produit par l'industrie humaine. Dans ces conditions, quelles solutions envisager pour éviter l'accumulation du CO2 dans l'atmosphère ? Que faire de ce CO2 ? Pour
pallier à l'insuffisante de l'absorption naturelle des puits à
CO2, la première idée qui vient à l'esprit est celle
du captage du CO2. Commençons par un inventaire...
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-E-6- | Sous
le titre "Piégeage
et stockage du dioxyde de carbone", un rapport spécial
du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution
du Climat) a été établi en 2005, à
l'invitation de la Conférence des Parties à la Convention-cadre
des Nations Unies sur les changements climatiques. Dans l'état actuel, ces techniques de piégeage présentent cependant des inconvénients majeurs : leur mise en oeuvre nécessite une quantité importante d'énergie, ce qui limite donc le rendement de l'installation et augmente le coût de la production d'énergie. Le
document évoque aussi la possibilité de stocker le CO2 capté...
tout en signalant (page 33) les risques posés par une fuite
des réservoirs de stockage géologique : ces risques
"...sont d'ordre mondial et d'ordre local : à l'échelle
de la planète, le rejet dune partie du CO2 dans l'atmosphère
pourrait accentuer les changements climatiques; à l'échelle
locale, un tel incident pourrait être dangereux pour la population,
les écosystèmes et les eaux souterraines."... Le
stockage du CO2 dans les océans est également envisagé
mais il aurait lui aussi un impact et présenterait des risques
pour l'environnement (page 38) :
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-E-7- | Un autre document de référence sur cette question est la brochure réalisée par l 'ADEME, le BRGM et l'IFP, brochure extrêmement bien faite qui présente "l'état des connaissances déjà acquises, ainsi que les défis technologiques à relever, pour que la capture et le stockage géologique de CO2 apportent une réponse concrète permettant de faire face aux risques de changement climatique." Un
autre petit document en ligne synthétise
la question du captage
du CO2. Son auteure, Elisabeth Huffer a également
co-publié un livre "L'énergie de demain" (JL Bobin,
E Huffer, H. Nifenecker - Groupe Energie de la Société Française
de Physique).
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-E-8- | Comme d'autres groupes pétroliers, Total s'intéresse aussi aux technologies de captage-stockage de CO2 : "Capter le CO2 soulève des défis techniques, notamment sur l'amélioration du rendement énergétique des procédés existants. Il existe trois procédés de captage, trois voies technologiques différentes au stade de développement. Toutes offrent des perspectives de progrès technique et font l'objet de programmes de recherche." Le
site Techniques-Ingénieurs consacre aussi
un article à la question "Captage et stockage du CO2 : solution
ou problème ?" qui explique: Comme si les réticences populaires étaient le problème, aussi bien concernant le stockage des déchets nucléiares que le stockage du CO2 !!! Pour
finir cet inventaire, le
site gouvernemental du développement durable
consacre quelques lignes à cette question : "La
filière captage et stockage du CO2 (CSC) et de
sa valorisation, couvre l'extraction du dioxyde de carbone (CO2) des installations
fortement émettrices pour la production d'énergie (centrales
à combustibles fossiles, notamment à charbon) ou production
industrielle (aciéries, cimenteries, etc.), sa purification et
compression, son transport (par canalisations ou bateaux) vers des sites
de stockage (on-shore ou off-shore) et son injection de façon définitive
et sûre dans des formations géologiques adaptées."
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-E-9- | Sur le fond, tous les documents référencés ci-dessus associent l'idée du captage à celle du stockage. Cependant
le stockage du CO2 pose de gros problèmes, comme l'évoque
le rapport du GIEC (évoqué plus haut) et comme le soulignent
d'autres experts, dont ceux de l'INERIS (Institut National de l'EnviRonnement
Industriel et des riSques): "Stockage
du CO2: l’Ineris souligne les risques de pollution"
: La fausse bonne idée est en réalité de considérer le CO2 comme un déchet et de le traiter in fine comme un sous-produit "honteux" de l'activité humaine, en l'enfouissant quelque part (comme on tente de le faire pour les déchets radioactifs), avec tous les problèmes de sécurité que l'on peut imaginer, problèmes qui sont soulevés par certains experts et par les citoyens eux-mêmes... Une autre idée, qui est sans doute la bonne idée, est de séparer les deux questions: du captage et du stockage, pour envisager ensuite une solution alternative au stockage, alternative visant à valoriser le CO2 capté. Des projets de recherche en ce sens commencent à promettre des débouchés industriels.
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-E-10- | Concernant
l'opération spécifique de captage, le site ediffuseur.com
publie l'information -le 05/02/2013- : "Un
pilote de démonstration de captage CO2 sur le site de St Ouen (CPCU)".
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-E-11- | Concernant
la valorisation du CO2, le cabinet de conseil Alcimed a réalisé
une étude pour le compte de l'ADEME (Agence de l'Environnement
et de la Maîtrise de l'Energie), conjointement avec le Ministère
de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de la
Mer. Cette étude: "Panorama
des voies de valorisation du CO2" analyse les différentes
méthodes de valorisation du CO2 et leur potentiel. Note : la RAH désigne la Récupération Assistée des Hydrocarbures, "largement utilisée avec du CO2 provenant de stockages naturels et un projet utilise du CO2 capté de fumées industrielles".
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-E-12- | De nombreux projets sont actuellement en développement dans le monde. En nous intéressant uniquement aux projets développables à court ou moyen terme, on peut déjà citer :
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-E-13- | Les projets de valorisation du CO2 par la culture de micro-algues semblent donc aujourd'hui une piste incontournable à court terme, car le coût de la mise en oeuvre du captage du CO2 est partiellement compensé par sa valorisation (production de carburant de synthèse) selon le schéma ci-dessous: Ordre de grandeur des rendements : Au delà de ce schéma de principe, il est important d'avoir une idée sur les ordres de grandeur : quelle énergie serait produite par culture de microalgues, quel serait le dégagement final de CO2... Le petit calcul reporté ci-dessous devra être réactualisé avec des données plus récentes que celles utilisées. Mais d'ores et déjà, il en résulte que, partant d'une énergie initiale de 1 TEP qui serait produite par du charbon, le bilan global après valorisatiion du CO2 par culture de microalgues serait le suivant:
Cependant, bien que le rendement par hectare de la production des microalgues soit très supérieur à celui des autres huiles (Colza, Tournesol), l'étendue des surfaces nécessaires est actuellement une limitation au procédé. Quoiqu'il en soit, ces ordres de grandeur devront être actualisés car les rendements seront améliorés au fil des recherches. Mais d'ores et déjà, ils devraient convaincre de l'intérêt à ne plus considérer le CO2 comme un déchet, mais comme une ressource à valoriser, et donc à renforcer les recherches pour améliorer les rendements.
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-E-14- | Un dernier argument technique plaide pour le développement de cette filière en tant que productrice d'énergie stockable. Cette filière peut constituer un "tampon" énergétique, qui permet de compenser les écarts entre la production et la demande d'électricité (entre les pics et les périodes creuses) : les "excédents d'énergie électrique" en période creuse peuvent alimenter l'industrie de valorisation du CO2 pour produire une énergie (sous forme de carburant ou de méthane, par exemple) facilement stockable et donc utilisable en période de pic de la demande d'énergie. C'est d'autant plus nécessaire que l'apport des énergies renouvelables subit des fluctuations qui ne suivent pas nécessairement les fluctuations de la demande. Et
c'est la raison pour laquelle
l'Allemagne développe ce type de couplage entre énergie
électrique de source renouvelable et stockage de H2 ou de méthane,
fabriqués au moment des creux de consommation électrique
(bien que dans ce cas précis, il ne s'agisse pas de méthane
fabriqué à partir de culture de microalgues : mais rien
ne s'y opposerait...).
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-E-15- | Au delà des arguments techniques... De nombreux projets de recherche sur les énergies renouvelables se développent actuellement, un peu partout dans le monde (y compris en France). L'impératif, reconnu, de réduire les dégagements de CO2 impose la transition vers les énergies renouvelables, en accélérant les recherches dans ce domaine, et en se détournant des énergies fossiles et des illusions nucléaires du siècle passé. Mais la nécessaire transition énergétique doit être pilotée et planifiée par le politique : l'investissement public est nécessaire pour développer des recherches fondamentales dans les secteurs des énergies renouvelables et pour appuyer les applications industrielles innovantes. Cet investissement public donnera le cap à suivre. Il ouvrira la voie aux nouveaux développements industriels dont nous avons besoin pour sortir de la crise mondiale, sociale, écologique, économique, industrielle... Le domaine de l'énergie ne doit pas être abandonné au pouvoir des financiers. L'État, au nom des citoyens, doit garder la maîtrise de l'énergie. |
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Annexe. | Calcul de l'ordre de grandeur des rendements : Pour
fixer les idées, on
peut faire le petit calcul suivant. Partons
de la quantité d'énergie EC = 1 Tonne Equivalent
Pétrole produite par du charbon, journellement nécessaire
pour
faire fonctionner une industrie (sidérurgique par exemple...).
La production de cette énergie dégagera environ 1,123
Tonnes équivalent Carbone par jour. L'utilisation
du charbon pour produire une énergie de 1 TEP dégage donc
environ QT= 4,12 Tonnes de CO2. D'après
un document déjà cité, on peut estimer que
le CO2 capté permet de produire, journellement, environ 1,8 fois
son poids en microalgues.
Ces données de l'IFREMER étant déjà anciennes (de 2005), on prendra des valeurs moyennes, à savoir 40 g/m2/jour (soit 0,4 tonne/hectare/jour) et 60.000 litres/hectare/an. On obtiendrait alors:
Sachant,
comme on l'a vu, que pour 1 TEP on capte Q1= 2,88 Tonnes de CO2 qui produisent
5,2 tonnes de microalgues, on obtiendra 5,2x410 litres soit environ 2.000
litres d'huile par TEP. Avec un pouvoir énergétique de cette
huile très inférieur (de l'ordre de 60%) à celui
du pétrole, on pourrait estimer que ces 2.000 litres d'huiles produiraient
approxiativement une énergie EA = 1,3 TEP. Dans ces conditions, le bilan énergétique se résume ainsi :
Le cycle du processus. Le CO2 dégagé par chaque nouvelle production d'énergie (à partir des algues) peut à son tour être capté et valorisé. Donc en réalité, pour évaluer les rendements, c'est le cycle complet qu'il faut considérer : partant d'une quantité d'énergie donnée, c'est le même taux (70%) de CO2 qui est valorisé et le même taux (30%) qui se perd dans l'atmosphère. C'est ce que représente le tableau ci-dessous. On peut faire varier les paramètres en téléchargeant le fichier de calcul excel Si on admet un taux de récupération du CO2 égal à 0,7 et si l'énergie nouvelle produite par la valorisation du CO2 produit un dégagement de CO2 égal à 0,8 fois celui du charbon, alors, par ce recyclage permanent du CO2, on peut donc espérer un rendement minimum de l'ordre de 3,3. Ce qui signifie que le processus global rejette de l'ordre de 3,3 fois moins de CO2 que pour la même quantité d'énergie produite par du charbon sans valorisation du CO2. . Précisons à nouveau qu'il ne s'agit que d'ordres de grandeurs. Pour fixer les idées, on peut comparer ces taux avec ceux émis par les différents énergies primaire (tableau ci-dessous, tiré de http://www.manicore.com/missions/bilan_carbone.html ) On voit qu'en appliquant un cycle de valorisation du CO2 à une énergie produite par du gaz naturel, par exemple, qui ségage 1.123 / 651 = 1,7 fois moins de CO2 que le charbon, le rendement en serait d'autant amélioré. Les limites de l'analyse de ce processus. Il
faut signaler aussi une limitation importante à ce procédé
qui est le rendement par hectare de la production des microalgues.
On l'a indiqué comme valant de l'ordre de 146
tonnes/hectare/an pouvant produire 60.000 litres d'huile/hectare/an, soit
environ 40
TEP/hectare/an.
Ce rendement nécessiterait près de 1.250.000 hectares =
12.500 km2 d'installation si on voulait que cette huile couvre les 50
MTEP/an qui représentent la totalité des
besoins actuels en énergie pour les déplacements. Pour fixer les idées, prenons l'exemple concret d'une raffinerie de pétrole. D'après
le site http://tous-citoyens.forumchti.com/
, en 2008, la raffinerie de Fos par exemple a dégagé 6.400.000
tonnes de CO2, soit 17.534 tonnes/jour. Avec un rendement de 5.000 m3/km2/an, la culture de ces algues pourrait produire 2,7 millions de m3 de carburant, ce qui représente 1 trentième de notre consommation annuelle (d'après http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/13-3.pdf) Ces ordres de grandeurs seront sûrement améliorés au fil des recherches; ils indiquent cependant leurs propres limites. Le recours aux énergies fossiles devrait, à terme, être abandonné, mais les nombreuses centrales à charbon en service actuellement ne pourront pas être arrêtées du jour au lendemain. En attendant, il est impératif que le CO2 dégagé soit capté et valorisé pour en limiter l'impact sur l'environnement. AVERTISSEMENT : si vous avez lu la version de ces calculs antérieure à celle enregistrée maintenant - le 8 mars à 9h - DÉSOLÉ, OUBLIEZ LA !!! d'une part à cause d'une erreur que j'y ai décelée, d'autre part parce qu'entre temps, j'ai trouvé un document (d' IFREMER, cité plus haut) qui permet de mieux évaluer les rendements...
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