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QUESTION
ÉNERGÉTIQUE et POLITIQUE. |
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Quelle
est la cohérence politique de ces discours ? |
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D1-1- |
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Sans
doute, la
force du discours en faveur du nucléaire réside
dans sa cohérence avec le modèle de société
qui s'est développé ces dernières décennies.
Quand on développe des centrales nucléaires sur un territoire,
on peut invoquer des raisons de sécurité qui exigent un
contrôle sérieux de ce territoire (pour éviter toute
intrusion malveillante, attentat ou vol de matières fissiles susceptibles
d'être détournées à des fins militaires ou
terroristes); un contrôle des responsables à tous les niveaux
(responsables des organismes publics ou para-publics intervenant) et une
assurance de leur fidélité. Une société centralisée
s'impose alors, dans son mode de distribution de l'électricité
(avec des lignes à très haute tension pour limiter les pertes
en ligne) comme dans son mode de prise de décision politique !
Bien
sûr, il existe d'autres déterminants dans le choix du nucléaire
et ces caractéristiques ne sont pas toutes également
présentes dans l'ensemble des pays qui ont construit des
centrales... mais ce n'est peut-être pas complètement par
hasard si la France est le seul pays du monde où le nucléaire
est à ce point dominant : en France, nous avons eu un initiateur
emblématique ( le Général De Gaule ) et un système
politique ( la 5° république ) qui ont eu les mains
libres, en dehors de toute décision des citoyens
et même sans vote du parlement : l'énergie nucléaire
allait de soi !
L'énergie
nucléaire
allait de soi, d'autant plus que son développement se déroulait
dans un contexte idéologique mondial faisant de la croissance
le moteur essentiel de l'économie. Croissance considérée
comme condition du progrès humain, croissance qui exigeait de plus
en plus d'énergie et donc en particulier d'électricité.
Malgré
tous les incidents ou accidents qui ont pu émailler l'histoire
du nucléaire, le risque zéro n'existant pas, l'idée
dominante était que le progrès scientifique et technique
viendrait à bout des problèmes hélas inévitables
!
En France, particulièrement, ce discours a été totalement
intégré dans l'esprit des gens et il s'est institué
comme représentation dominante : autrement dit, pas d'alternative.
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D1-2- |
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Dire
que cette représentation sociale s'est instituée signifie
simplement que tout évênement peut trouver une explication
cohérente (ou une justification) qui s'intègre "parfaitement
" dans ce cadre. (parfaitement... façon de parler,
bien sûr !). Quelques exemples :
- Les
risques spécifiques qui pourraient être opposables au
nucléaire seront traités comme des chimères (on
ne voit pas la radio-activité...), des inventions (c'est évidemment
difficile d'établir des preuves médicales si l'on ne
mêne pas d'enquête sanitaire d'ampleur...), des peurs
ancestrales (certains écologistes ne prônent-ils pas
un repli sur soi ou entre soi, un retour à la terre nourricière,
un éclairage à la bougie...), une défiance vis
à vis du progrès de l'humanité (alors que la
confiance en la science est la meilleure arme pour vaincre l'ignorance...).
- On
a vu qu'un glissement s'est opéré récemment et
que, maintenant, la dangerosité du nucléaire est communément
"admise"... : admise, au sens de reconnue
comme une évidence (après Fukushima), mais aussi admise
au sens de acceptée...
Autrement dit, la représentation dominante reconnaît
et intégre le danger nucléaire, plus précisément
le "digère": les financements qu'il faut seront prévus
pour renforcer la sécurité... dormez en paix braves
gens, nos centrales nucléaires sont les plus sûres du
monde !!!
- Bien
que le risque nucléaire soit majeur pour l'humanité
et pour l'environnement, le point de vue du réchauffement climatique
arrive à repositionner le nucléaire comme élément
incontournable pour la sauvegarde de la planète...
- Et
dans la mesure où la nécessité de la croissance
est admise comme préalable au règlement de tous les
problèmes, il incombera aux responsables d'améliorer
le rendement des machines, la productivité des travailleurs
: il faut bien admettre "cette loi naturelle de la concurrence"
: c'est la vie... dans la jungle animale !!!
- Enfin,
comme tout se tient, et comme cette représentation sociale
est "la seule qui vaille", il faut bien admettre cette hyper-concentration
des capitaux et ce recours aux marchés financiers : sans eux,
rien n'est possible... Y compris, sans eux, on ne pourrait pas financer
le nucléaire de Nouvelle Génération, ni le programme
ITER, ni les énergies renouvelables dont on peut bien convenir
qu'il ne faut pas les négliger ( pourvu qu'elles ne
dérangent pas trop l'ordre établi ).
Voilà
donc l'état des lieux... Désespérant ?
Pas du tout, car nous savons maintenant que ce qui est nécessaire,
c'est: changer de représentation, élaborer une autre vision
de politique à long terme, cohérente, qui prenne en compte
l'humain (d'abord) et l'écosystème, changer de politique...
donc aboliir la dictature ultra-libérale qui détruit
tout, Autrement dit, déranger l'ordre établi...
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-D2- |
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Quel
scénario pour le futur ? ...rédaction
en cours : à compléter, modifier... |
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D2-1- |
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Déranger
l'ordre établi ... n'est pas un programme !
Après un tel discours critique, ne faudrait-il développer
quelques "bonnes idées", "positives", sur lesquelles
pourraient s'accorder une majorité de citoyens ? Pas suffisant,
hélas ! Tout le monde peut s'accorder sur de bonnes idées...
tant qu'elles ne dérangent pas la réalité de l'ordre
établi... "Le changement c'est maintenant" était
une excellent idée !!!
Encore faut-il que les bonnes idées soient soutenues dans un plan
d'action cohérent qui permette leur mise en pratique.
C'est évidemment de cette façon qu'elles peuvent devenir
plausibles et servir (à leur tour) de support pour d'autres représentations,
en étayant l'idée d'une autre politique possible.
A
contrario, dans le domaine de l'écologie, le Grenelle de l'Environnement
en a proposé quelques unes de bonnes... Exemple: développer
le fer-routage et le transport de fret par rail... Cependant, en soumettant
cette "bonne idée" aux contraintes de la concurrence
réputée "libre et non faussée" (en réalité
faussée par une déréglementation qui profite au transport
routier au détriment des travailleurs de la route)... cette bonne
idée devenait inopérante. Voilà pourquoi, dans les
propositions qui suivent, il faudra se poser la question d'un mode
opératoire possible.
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D2-2- |
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Quelques
pistes sur le plan économique-énergétique.
- Priorité
aux économies d'énergie et à l'efficacité
énergétique : privilégier les scénarios
NEGAWATT, alors que les autres scénarios envisagés
dans les études prospectives prévoient tous une croissance
-plus ou moins forte- de la demande énergétique.
- Planifier
un autre développement économique / industriel.
- Développer,
par exemple, une fillière industrielle pour l'isolation
des bâtiments (normalisation des techniques, des processus,
et des produits, contrôles de qualité) et l'adosser à
une fillère de formation : les normes devront protéger
la main d'oeuvre locale et les produits made in Fr.
- Développer
le piègeage et la valorisation du CO2 produit
par les industries polluantes (raffinage, production d'acier, de béton,
incinérateurs, etc...). Par exemple :
- Mettre
en cause le productivisme et l'hyperconsommation
: concevoir des biens "durables", "réparables"
(quand la buse de la cafetière électrique est bouchée,
on la démonte, on la débouche ou on la change... mais
on ne jette plus la cafetière...)
- Développer
les transports collectifs plutôt qu'individuels
en développant l'intermodalité des
différents modes de transport (en particulier dans le cas des
transports péri-urbains)
- Développer
les services d'usages collectifs (location d'outils
industriels dans le cas d'usages inermitents, co-voiturage...): ce
genre de service permet de limiter l'empreinte écologique et
de contribuer, par exemple, à l'intermodalité des transports.
- Atténuer
les problèmes des pics de consommation électrique.
- par
une remise en cause des théories économiques du
"flux tendu" et "zéro stock": le stockage
d'objets industriels (quand il est possible) est une
façon de stocker de l'énergie -celle
qu'il a fallu consommer pour les produire-
- par
une consommation "intelligente" utilisant les plages
horaires ou l'énergie est la plus disponible (exemple basique:
rien n'empêche de concevoir des réfrigérateurs
domestiques qui intégreraient un réservoir calorifique
augmentant leur autonomie en cas d'arrêt prolongé
de l'alimentation électrique),
- par
différents procédés de stockage de l'énergie
(eau stockée en altitude, chaleur... mais aussi en développant
la recherche et les nouvelles technologies pour la fabrication
de batteries électriques)
- par
des technologies consistant à utiliser l'énergie
électrique (éventuellement exédentaire à
certains moments) pour produire une énergie secondaire,
stockable, sous différentes formes. Par exemple sous forme
d'hydrogène (voir le dossier
du CEA) ou de méthane.
La méthanation : transforme ainsi
l'électricité en méthane de synthèse.
Cette technologie, qui fonctionne actuellement, nécessite
encore une amélioration de ses rendements (à l'étude
actuellement en Allemagne, la France -AREVA- démarre aussi,
avec quelque retard).
- Améliorer
l'adéquation entre la production
(centralisée <-> locale) et la consommation
(locale) d'électricité, toute exploitation locale devant
rester administrée par des régies publiques de l'énergie
(pour : éolien, solaire, thermique, biogaz...à voir...)
- Récupérer
(et stocker) la chaleur
diffusée par des source industrielles (brûleurs, turbines...)
- Développer
les recherches pour améliorer la production
et la complémentarité des énergies renouvelables
: solaire thermique, solaire photovolraique, biogaz, géothermie,
énergie des mers (courants, vagues, marée) et du vent
(sur terre et en mer)
- Un
exemple de solaire thermique (avec stockage de chaleur
dans une colonne de sel fondu): "L'Espagne
inaugure la première centrale solaire à concentration
à vocation commerciale en Europe".
- Plus
simplement et avec un excellent rendement, l'énergie
thermique produite par le soleil permet des économies très
importantes pour le chauffage de l'eau et le chauffage des bâtiments.
- Limiter
progressivement la part du nucléaire
(arrêter les centrales les moins sûres, pas de tranche
nouvelle, pas d'EPR, pas de nucléaire NG), mais en
annonçant clairement ce choix politique pour donner cohérence
à tous les choix énoncés précédemment..
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D2-3- |
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Ce
ne sont que des pistes, qui devront être déclinées
sous l'angle des mesures politiques-économiques à mettre
en oeuvre... Prenons pour exemple le scénario Negawatt
qui se fonde sur une décroissance de la consommation d'énergie:
amélioration de l'efficacité énergétique,
économie réalisée par une meilleure isolation de
l'habitat...
Pour
qu'un scénario d'isolation des bâtiments soit efficace, sur
le plan écologique aussi bien qu'économique,
il serait illusoire de faire confiance à la libre concurrence et
aux lois du marché... Quelles sont les données du problème
?
-
des particuliers propriéaires d'un logement ancien qui n'ont pas
les moyens pour investir dans l'isolation,
- des logements sociaux vétustes pour lesquels aucun travaux ne
sont envisagés,
- des procédures administratives à mettre en oeuvre,
- des artisans compétents à trouver, avec des garanties
de résultat pas forcément assurées,
- des grandes entreprises du bâtiment qui importent souvent de la
main d'oeuvre épisodique et donc sans aucun suivi de qualité
d'exécution, sur des contrats à durée déterminée
(inférieure à 6 mois) permettant d'échapper aux contraintes
prévues par les textes européens,
- des matériaux d'isolation le plus souvent importés...
Pour
avancer sur ce problème, dans toute sa complexité, il faudra
sans doute:
-
mettre en place une filière "isolation".
On peut imaginer par exemple un regroupement de PMI concernés par
l'étude et la réalisation techniques de nouveaux produits,
standardisés et adaptables... un développement de sociétés
collaboratives, regroupant architectes, ingénieurs et techniciens
du bâtiment, artisans, dans le cadre de relations conventionnelles,
sociétés coopératives, etc... Sont concernés
la pose, le contrôle du processus, la certification, en passant
par les nouvelles filières de formation.
-
mettre en place une règlementation (nationale
voire européenne) : définition de normes, contrôle
du processus, certification... réservation des marchés de
l'isolation aux entreprises satisfaisant ces normes... en particulier
par l'emploi d'une main d'oeuvre locale préalablement formée
et par la mise en oeuvre de matériaux labellisés. N'accorder
les permis de construire que dans le cas d'un strict respect des normes
et processus définis.
-
mettre en place un dispositif incitatif : aider les particuliers,
par des mesures de prêt, pour l'isolation des facades plutôt
que pour leur ravallement, utiliser une "Banque Publique d'Investissement"
(adossée aux Assurances Vies) pour débloquer des subventions
incitatives et effectuer les travaux dans les bâtiments publics...
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D2-4- |
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Ce
n'est qu'un exemple qui illustre la contrainte générale
: la cohérence et la crédibilité
d'un ensemble d'arguments inter-dépendants a toujours
pour limite celles de son maillon faible. On ne peut pas prétendre
avoir réponse à tout mais, symboliquement, le maillon faible
casse tout !!!
En particulier, il me semble nécessaire que chacune des pistes
proposées soient rendues crédibles par une évaluation
économique, financière et technique. On possède déjà
quelques éléments en France et dans d'autres pays (dans
le domaine du solaire ou de l'éolien par exemple), qui devraient
permettre de réaliser des projections (dans le domaine des énergies
renouvelables, de l'emploi, etc...).
L'intermittence
de ces productions d'électricité (solaire, éolien)
pose cependant des questions spécifiques, aussi bien au niveau
des réseaux de distribution d'électricité
qu'au niveau de la nécessité d'un stockage d'énergie
permettant de lisser les écarts entre l'offre
et la demande (compte tenu de la grande variabilité de la demande
en électricité).
Ces questions sont bien résumées dans un dossier de la
Gazette -n° 69- Nov. 2012- (publication de l'École
des Mines).
Il existe cependant des solutions tout à fait réalisables.
D'une part dans une politique d'économie d'énergie. D'autre
part dans la possibilité de stockage de l'énergie... Le
stockage d'eau dans des barrages hydraulique est une excellente solution,
malheureusement très partielle. Par contre, des projets de recherche-développement
sont en cours, qui permettent actuellement d'envisager l'utilisation de
l'électricité, en période excédentaire, pour
fabriquer
du méthane de synthèse qui, lui, pourra être
stocké plus facilement que l'électricité.
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D2-5- |
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Il
faut signaler que ces questions agitent de nombreux groupes de réflexion.
La région PACA, en particulier, sous l'égide de l'Observatoire
Régional de l'Energie a élaboré un Schéma
Régional Climat Air Energie (SRCAE) et des Plans
Climats Energie Territoire (PCET). Tous les documents produits
sont accessibles sur
le site de l'ORE. La région PACA est la première
à avoir réalisé un Scénario Négawatt
Régionalisé (accessible sur le site de l'ORE ou
directement
ici dans sa version de synthèse).
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D2-6- |
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Une
issue possible : l'éco-socialisme, un chantier ouvert par les
Assises de l'Écosocialisme.
"Le
but du socialisme est l’émancipation de
la personne humaine par le partage de la richesse entre
tou(te)s et l’éducation globale de chacun(e).
Cet objectif est contraire au productivisme, à la concurrence déloyale
et à la croissance sans fin, qui épuisent les hommes et
les femmes autant que l'écosystème, au delà du supportable.
Ce constat oblige à définir un nouveau modèle de
progrès dans lequel doivent être repensés non seulement
le système de production et d’échange, mais aussi
le contenu des productions et les modes de consommation.
Cette approche implique par conséquent l’ensemble de l’organisation
sociale et politique. Elle nous oblige à penser de façon
nouvelle ce qu’est le vrai progrès humain. Cette nouvelle
conscience et son programme d’action sont l’écosocialisme.
Ses méthodes sont la radicalité concrète,
la planification écologique et la révolution
citoyenne."
Ces
termes devront être précisés, pour ne pas rester des
slogans.
Sur
le plan politique,
l'écosocialisme repose sur l'idée d'un citoyen libre,
parce qu'éduqué et informé, qui
participe pleinement à la vie et aux décisions concernant
la citée, conscient de sa responsabilité historique, conscient
du fait qu'il est le garant de la valeur des choix politiques qui sont
opérés.
Il
est donc nécessaire d'entreprendre et de poursuivre le travail
de formation et d'information. C'est une condition nécessaire:
- pour une efficacité en tant qu'acteur du processus de production.
- mais aussi pour le processus de transformation politique que nous projetons,
processus qui passe par la convocation d'une constituante
dont les travaux déboucheront sur une 6° République,
pour redonner aux citoyens pouvoir et dignité,
pour développer la démocratie locale, la démocratie
dans l'entreprise, redonner vie aux débats parlementaires et renforcer
le pouvoir du parlement ... et bien d'autres choses encore.
...Nécessaire
si l'on veut aussi que le peuple puisse s'exprimer directement, par référendum,
sur toutes les questions fondamentales qui engagent l'avenir (comme la
distribution de l'eau, la propriété collective de la production
d'énergie, les choix énergétiques, etc...)
Ce
n'est pas une mince affaire car la plupart des domaines
de décision sont complexes : celui concernant les choix
énergétiques en particulier. On a vu le niveau de complexité
des éléments à prendre en considération pour
une décision raisonnée, mais il ne faut pas que
l'expertise soit un obstacle à la démocratie.
La condition minimale à mettre en oeuvre est celle de l'information
et du débat contradictoires.
L'objectif
de ce document était simplement d'y contribuer...
.. dans l'attente de vos propres contributions.
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