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-B- |
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ARGUMENTS
ET CONTRE-ARGUMENTS. |
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B
-1- |
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Évidemment,
les promoteurs de l'énergie nucléaire n'utilisent jamais
un argument unique (économique, ou écologique, ou autre...)
pour défendre leur point de vue. Pas plus que les opposants à
cette énergie qui peuvent avancer un ensemble
de bons arguments... Il est cependant nécessaire d'analyser en
détail chacun des domaines concernés, à la lumière
des conclusions des différents rapports réalisés
sur la question.
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-B1- |
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Quelles
informations sont disponibles ? |
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B1
-1- |
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De
nombreux rapports récents se penchent sur la question énergétique
-a-
Le Rapport
Energie 2050 (Janvier 2012) de la commission "Énergies
2050" missionée par le gouvernement (voir
aussi les annexes), livre son orientation générale dans
sa synthèse citée ci-dessous:
"
L’analyse des scénarios énergétiques à
2050, effectuée dans le corps du rapport, apporte des réponses
aux questions posées par la lettre de mission du ministre, en particulier
sur la place souhaitable du nucléaire. Elle montre tout d’abord
le rôle essentiel que doivent avoir les actions d’efficacité
énergétique. Pour ce qui concerne l’énergie
nucléaire, question centrale en ce moment dans le débat
politique national, elle montre que la trajectoire optimale pour notre
pays consiste à prolonger la durée de vie des centrales
existantes aussi longtemps que l’Autorité de Sûreté
Nucléaire le permettra, à prévoir un
petit nombre d’EPR pour lisser la production au moment
de la fermeture des centrales les plus anciennes, et à préparer
l’avenir en poursuivant, au côté du développement
des énergies renouvelables, le développement
de la génération 4, tout en laissant ouverte la
question de la part du nucléaire en 2050 et même en 2030.
Celle-ci dépendra en effet de plusieurs facteurs : réussite
des politiques de maîtrise de la demande, baisse des coûts
des énergies renouvelables, percées technologiques, retour
d’expérience sur le fonctionnement des EPR français
et étrangers, prix du gaz naturel. ...
Il
s’agit réellement d’opérer sans délai
un changement complet de trajectoire et cela signifie que tous
les outils à notre disposition seront nécessaires. C’est
vrai pour l’offre : il faudra plus de renouvelables,
plus de nucléaire, encore beaucoup d’énergie
fossile et donc de la capture et de la séquestration
du dioxyde de carbone, mais c’est tout aussi vrai pour
la demande : le point commun entre tous les scénarios que nous
avons examinés est le rôle primordial de la sobriété
(réduire la consommation de services énergétiques)
et de l’efficacité (réduire la
consommation d’énergie pour un même service rendu).
"
Fin de citation.
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B1
-2- |
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-b-
Le rapport World Nuclear
Industry Status Report 2012 cité dans un article
récent de Médiapart conclut, quant à lui, que
l'industrie nucléaire n'est plus compétitive,
prise en tenailles par des coûts de plus en plus élevés
et une montée en puissance des énergies renouvelables. |
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B1
-3- |
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-c-
Le site
de la cour des compte présente plusieurs rapports concernant
le nucléaire, en particulier :
- Le
démantèlement des installations nucléaires
(Janvier 2005) : ce rapport soulève de très
nombreuses questions, "interrogations et incertitudes actuelles"
... "financement des charges nucléaires futures... communication,
informations et transparence sur les déchets radioactifs"...
Ce qui a appelé une réponse de la part du Ministre de
l'Écologie de l'époque : ..."Pour ce qui
touche à la constitution des fonds de démantèlement,
le rapport signale avec justesse la disparité de situation
que la création du fonds de démantèlement des
installations civiles du Commissariat à l’énergie
atomique avait créée vis-à-vis des installations
de défense. La constitution d’un fonds de démantèlement
des installations de défense, en demandant aux exploitants
EDF et COGEMA de verser leur contribution, apparaît
de ce point de vue pertinente. Néanmoins, je note
que l’Etat devra financer, le moment venu, sa propre
part des dépenses engendrées par le démantèlement
des installations de défense, ce qui représente
pratiquement la moitié des dépenses totales."
Cette citation démontre que, contrairement à toutes
les déclarations officielles, les coûts de démantellement
sont loins d'être provisionnés !!!
- Les
coûts de la filière électro nucléaire
(Janvier 2012) : En réalité, ce dernier rapport
(fichier
PDF 2,95 MB) est extrêmement important car il présente
la question des coûts dans sa généralité,
en englobant tout un ensemble de questions connexes (les dépenses
passées, courantes, futures, les provisions et actualisations,
les actifs dédiés, la sécurité, les évolutions
possibles des dépenses futures, dépendant de la durée
de fonctionnement des centrales nucléaires et des reherches
futures...).
Quelques unes de ses conclusions sont reportées
en annexe, Chapitre D.
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B1
-4- |
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-d-
Les Actes
du Colloque UFE Énergie 2030 (Union Française
de l'Électricité. Novembre 2011)
Le
rapport modélise trois scénarios de transition énergétique
:
-70 % de nucléaire,
-50 % de nucléaire,
-20 % de nucléaire.
Des commentaires n'ont pas manqué d'être opposés à
ce rapport : "Bataille
de chiffres sur l’avenir de l’électricité"
"Début novembre, sortait une étude très médiatisée
de l'Union Française de l'Electricité
(UFE), le syndicat professionnel regroupant notamment EDF et GDF-Suez.
Cependant, une Étude
critique du rapport de l'UFE : indique que ce rapport (qui dans
tous les cas conclut à la nécessité de développer
le nucléaire) est "...disqualifié par des erreurs
méthodologiques majeures". Benjamin DESSUS –
8 décembre 2011".
-e-
Le Colloque de l'UFE (Novembre
2012) (résumé uniquement disponible)
En
2012, l’UFE a évalué les points clés et les
conséquences d’une transition énergétique,
et a travaillé, sur le plan macroéconomique, avec le Centre
d’Analyse Stratégique. En tant qu’organisation professionnelle
regroupant l’ensemble des acteurs du secteur, elle s’est livrée
à un travail d’analyse de la transition énergétique
de façon factuelle, "sans porter de jugement de valeur"(sic)...
mais en continuant de prôner la nécessité du nucléaire
(quelle surprise, venant d'industriels du secteur !!!)
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B1
-5- |
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-f-
Le Rapport
de l'ASN (Janvier 2012) :
L’ASN
a rendu public son rapport sur les évaluations complémentaires
de sûreté (ECS) menées à la suite
de l’accident de Fukushima. Ce rapport déclare notamment
: ...
"Les évaluations complémentaires de sûreté
et les inspections ciblées ont montré l’importance
des nouvelles dispositions réglementaires
prévues par le projet d’arrêté préparé
par l’ASN, en relation avec les ministères chargés
de la sûreté nucléaire, fixant les règles générales
relatives aux installations nucléaires de base, en particulier
pour renforcer les exigences relatives au traitement
des non-conformités. L’ASN recommande que ce projet d'arrêté
soit signé au plus vite"...
"En complément, pour prendre en compte le retour d’expérience
de l’accident de Fukushima, les connaissances les plus récentes
et les meilleures pratiques internationales, l’ASN a décidé
de réexaminer la méthodologie d’évaluation
des effets du séisme et de l’inondation sur les installations
nucléaires.....
"Enfin,
l’ASN estime qu’il est nécessaire de réévaluer
les risques induits par les autres activités industrielles présentes
autour des installations nucléaires. En effet, confrontées
à des phénomènes naturels extrêmes comme ceux
de Fukushima, ces activités pourraient constituer des sources d'agression
importantes pour les installations nucléaires voisines ou rendre
difficile l’accès pourles moyens de secours compte tenu de
leurs rejets."
Les
observateurs ont bien noté les conséquences de ce rapport
de l'ASN, ainsi l'article "Nucléaire:
l’autorité de sûreté exige plusieurs milliards
d’investissements" - Médiapart du 03
JANVIER 2012 | PAR JADE LINDGAARD - : "Les
exploitants français du nucléaire vont devoir investir des
milliards et des milliards d'euros dans leurs installations s'ils veulent
poursuivre leurs activités. C'est la conclusion
du rapport de l'ASN sur les évaluations complémentaires
de sûreté, remis mardi matin à François Fillon."
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B1
-6- |
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-g-
Une commission
d'enquête du Sénat sur le coût réel de l'électricité
afin d'en déterminer l'imputation aux différents agents
économiques a publié un rapport en deux tomes (Tome
1 et Tome
2)
Le
Tome 1 pointe, par exemple:
- pour
le nucléaire historique, des investissements conséquents
en perspective :
- Niveau insuffisant des investissements au début
des années 2000, source de baisse de performance
et d’avaries ( taux de disponibilité
passé de 83,6 % en 2006 à 78% en 2009)
- Le lancement d’un important programme de maintenance sur le
parc nucléaire historique, estimé à 50
milliards d’euros en janvier 2011.
- Le coût des travaux de sûreté post-Fukushima
estimé à 10 milliards d’euros,
dont la moitié déjà prévus parmi les 50
milliards du plan d’investissements.
- la
nécessité de "donner une nouvelle impulsion
aux économies d’énergies
- les
enjeux du stockage
- tout
en exposant un scénario "Nucléaire
NG" (i.e. "Nouvelle Génération")
avec maintien de la part du nucléaire
à moyen et long terme, fondé sur le remplacement
des centrales actuelles par les technologies nucléaires
de nouvelle génération (EPR, voire 4e génération).
Le
Tome 2 est constitué des comptes rendus des auditions et annexes.
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-B2- |
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Quel
est le bilan technique de toutes ces informations ? |
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B2-1- |
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Quand
la technique perd ses repères...
Il
est important de bien analyser la stratégie de communication, en
France, à propos de la catastrophe de Fukushima. N'étant
pas nous-mêmes "directement" concernés, nous aurions
pu espérer une information "totalement objective"...
et pourtant, cette communication a été pour le moins ambivalente.
D'une
part, une volonté "affichée" de donner un maximum
d'information. Un site de l'ASN a été journellement mis
à jour pour transmettre les informations et analyses provenant
du Japon... tout en sachant que l'opérateur privé
TEPCO cherchait, dans un premier temps, à minimiser les conséquences
(consignes tardives données à la population et aux personnels
sur place) mais surtout, très rapidement, était complètement
dépassé par les évènements et n'était
pas en mesure de transmettre des informations fiables.
D'autre
part, une volonté délibérée de bien distinguer
la situation de Fukushima de celle des centrales françaises, qui,
elles, ne seraient jamais atteintes par un tsunami... Là réside
le point majeur : le "déni de réalité"
qui a prévalu, imputait au seul tsunami la responsabilité
de la catastrophe, écartant ainsi la possibilité
que se réalise (chez nous) un évênement aussi improblable.
Ce "déni de réalité" s'est concrétisé
dans l'interprétation de la réalité, jusque
dans l'interprétation des données techniques.
En
effet, reprenons l'histoire depuis le vendredi 11 mars 2011. (voir
par exemple l'article de Wikipedia): "... à 14h 46min
23s heure locale, a lieu le plus important séisme mesuré
au Japon. Son épicentre se situe à 130 km à
l'est de Sendai, chef-lieu de la préfecture de Miyagi, dans la
région du To¯hoku, ville située à environ 300
km au nord-est de Tokyo. Cinquante et une minutes plus tard, un
tsunami provoqué par le tremblement de terre aborde la
côte orientale. La vague atteint une hauteur estimée à
plus de 30 m par endroits..."
"...Selon une étude, conduite par le Norwegian Institute
for Air Research et regroupant les travaux de chercheurs américains
et européens, la détection de xénon 133
immédiatement après le séisme prouverait que la centrale
japonaise aurait rejeté des éléments radioactifs
avant l'arrivée du tsunami et donc que l'installation
aurait pu être dégradée par le séisme.
Bien que l'Agence japonaise de sûreté nucléaire ait
évacué cette hypothèse, la commission d'enquête
indépendante gouvernementale la reprend, l'appuie, et recommande
la réalisation une enquète complémentaire sur ce
problème particulier auquel elle consacre le second point de sa
conclusion...".
Même la video -sur
le site de l'IRSN- qui simule le déroulement de l'
"accident" de Fukushima mentionne le tremblement de terre ...
mais sans évoquer ses possibles conséquences sur les installations.
Voilà
donc à l'oeuvre ce déni, qui se traduira (consciemment ou
pas) par le fait qu'on parlera toujours du tsunami et rarement du tremblement
de terre, et par la certitude qu'une "mise à
jour" de la sécurité de nos centrales nucléaires
permettra d'écarter tout danger. Mais il serait erroné (donc
contre-productif) de s'en tenir à une "diabolisation"
des experts et des acteurs économiques impliqués, car cela
occulterait le mécanisme du déni : la catastrophe
qui matérialise une faille dans la conception-réalisation
technique fait perdre les repères techniques.
C'est
la raison pour laquelle il faut saluer l'énorme travail d'enquête
et d'analyse réalisé par quelques groupes et associations
d'experts-citoyens (la CRIRAD, Sortir du nucléaire, Greenpeace,
etc...) qui sans relâche questionnent les certitudes des experts
engagés dans cette voie. Malgré leur complexité,
il ne faut pas esquiver les débats sur les problèmes techniques
!
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B2-2- |
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Quand
la technique vient au secours de la "consolidation" du système...
Que
retenir de cette histoire ? La catastrophe de Fukushima a marqué
une rupture dans l'idée routinière d'un "nucléaire-pas-si-dangereux-que-ça-et-puis-le-risque-zéro-n'existe-pas"...
Les recommandations techniques de l'ASN ont été reprises
par le dernier rapport officiel de la cour des comptes. Après quelques
transformations techniques, les centrales nucléaires qu'on nous
avait vendues pour "très sures" seront désormais
"plus sures". Autrement dit, plus sûres que "très
sûres", ça doit faire du..."très très
sures"... La preuve ? les quelques menus milliards que vont nous
coûter ces quelques menues transformations !!!
En
réalité, pour le lobby du nucléaire l'intérêt
de l'opération est triple : injecter de nouveaux financements,
justifier l'augmentation du prix du KWh, faire durer les centrales un
peu plus longtemps pour augmenter leur rentabilité. Mais ce ne
sera pas suffisant... selon le rapport de la commission "Énergies
2050" cité plus haut, il faudra sans doute prévoir
"un petit nombre d’EPR" pour lisser la production au moment
de la fermeture des centrales les plus anciennes...
Il
y a donc deux arguments : l'EPR et le lissage. |
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B2-3- |
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Voyons
d'abord le cas de l'EPR et l'annonce rapportée dans la presse :
EDF prévoit un nouveau "surcoût
de 2 milliards pour l’EPR de Flamanville". On arrive donc
maintenant à une estimation de 8,5 milliards
d’euros…alors qu'au lancement de la construction
en 2007, le coût programmé était de 3,3 milliards
d'euros et que le chantier de cette tête de série
EPR a été vendu 3 milliards à l’électricien
finlandais TVO. Vous avez bien lu : vendu 3 milliards d'Euros
!!!
Dans
le meilleur des cas, la France réalisera dans cette opération
une perte de 5,5 milliards d’euros.
A ceux qui osent encore parler de la filière nucléaire comme
de celle produisant l'électricité la moins chère,
il convient de demander à quel endroit des bilans apparaît
cette perte énorme. La réponse est connue: nulle
part ! car avec cet EPR, il s'agit d'une tête de série...
on n'est donc pas encore dans l'exploitation commerciale classique d'une
centrale classique...
Comme on l'a déjà évoqué en ANNEXE (Chap
III.: LES DÉPENSES FUTURES) concernant
la sous-évaluation des coûts de démantemment des centrales
nucléaires, là encore, la stratégie vise à
minimiser les coûts réels.
Le
pire, c'est qu'en soutenant une telle stratégie dans un contexte
de marché ouvert, en étant tenu par la loi NOME de vendre
une partie de notre électricité à d'autres opérateurs,
il n'est pas impossible que nous fassions cette vente d'électricité
à perte. Tout ça par un entêtement aveugle
et enfantin !!!
Au
bout du compte, la fillère nucléaire apparaît désormais
clairement pour ce qu'elle est : un véritable gouffre financier.
Et non content de laisser aux générations futures les déficits
générés par cette gestion déplorable, on leur
laissera les déchets et les centrales à démanteler.
Mais
ce n'est pas tout. Il faut bien justifier aussi la qualité
de notre recherche nucléaire et la qualité de notre technique
: les centrales françaises seraient ainsi les plus sûres
au monde... le cycle de production d'électricité nucléaire
serait en France celui qui dégage le moins de CO2... notre combustible
serait le plus performant : la preuve par le MOX...
La
question du MOX et du dégagement de CO2 seront examinées
plus loin.
En ce qui concerne les questions de sécurité, on est en
droit de se poser des questions sur la prétendue indépendance
de l'Agence de Sureté Nucléaire (voir à ce sujet
l'article
de Stéphane Lhomme directeur de l'Observatoire du nucléaire)
qui évoque l'affaire génante d'un "communiqué
commun" publié en novembre 2009 par les autorités
de sûreté finlandaise, française et britannique (à
lire sur le site de l'ASN). Ce communiqué pointait d'inquiétants
problèmes de sûreté concernant le système de
contrôle-commande de l'EPR, et exigeait d'Areva d'importantes modifications.
Mais ce communiqué était en fait la conséquence d'une
lettre du 16 avril adressée à Areva et
à EDF par l'Inspection des Installations Nucléaires (NII)
britanique, lettre
révélée par le TIMES. Jusqu'alors, l'ASN n'avait
donc rien vu... ou bien avait vu mais avait décidé de garder
le silence, ce qui est pour le moins inquiétant quant à
sa dépendance vis à vis de l'État et des
intérêts financiers en jeu.
Du coup, on serait en droit de se poser des questions quant aux centrales
EPR vendues à la Chine et construites "à grande vitesse"
(un peu comme leur TGV, qui a d'emblée eu un accident grave): qu'en
est-il de l'expertise de sécurité ? la construction de l'EPR
"tête de série" de Flamanville aurait-elle résolu
tous les problèmes ? |
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B2-4- |
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Reste
l'argument du "lissage de la production". Cet argument
est souvent utilisé à l'encontre des sources d'énergie
alternatives, comme le solaire ou l'éolien, qui présentent
l'inconvénient de ne pas toujours pouvoir produire des volumes
suffisants au moment où on en aurait besoin. Cette production chaotique
(avec des sources énergies renouvelables) nécessiterait
donc le recours à des centrales fonctionnant au charbon ou gaz,
et donc un dégagement supplémentaire de CO2.
Il est intéressant de noter comment, partant d'une vraie
bonne question, on arrive à une vraie mauvaise
réponse... car la question du lissage se pose de toute
façon actuellement, malgré l'énergie nucléaire.
L'inter-connection des réseaux remédie partiellement
aux pics d'écarts entre l'offre et la demande car, à un
instant donné, l'offre et la demande ne présentent pas nécessairement
les mêmes écarts dans tous les pays connectés. On
verra plus loin que cette seule réponse n'est donc pas suffisante.
Dans
la réalité, ces écarts conduisent actuellement
les Français, très énergie-vore, à acheter
de l'électricité, pendant les moments de pointe, aux Allemands
qui eux, en période de pointe, la fabriquent avec du charbon !!!
Parce
que l'électricité nucléaire présente le défaut
symétrique de celui du solaire et de l'éolien : malgré
la possibilité technique de faire vaier la production d'électricité
d'un réacteur, cette variabilité de son fonctionnement n'est
pas suffisante pour répondre aux pics de variation de la demande...
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-B3- |
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Le
MOX pour améliorer la productivité des centrales ? |
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B3-1- |
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Dans
son article "Alerte
Plutonium Fukushima 3 : MOX et INTOX NEXT-UP ORGANISATION" publié
le 16-03-2011 sur le site Passerellesud, Thomas Gauthier déclarait:
"...Le
MOX, pour "Mixed Oxydes" est un combustible hautement
toxique et dangereux composé d’environ 6 à
7 % de dioxyde de plutonium récupéré en "retraitant"
du combustible nucléaire usé qui est mélangé
à du dioxyde d’uranium neuf appauvri. Le MOX entre
plus facilement en fusion que les combustibles classiques, il
est utilisé dans 20 des réacteurs du parc nucléaire
français. Le problème majeur est que le plutonium du MOX
est très toxique à court et à long terme..."
Peu
de temps après (le 23 mars 2011), ce même site publiait une
entrevue avec Michel Lallier, membre du Haut Comité
pour la Transparence et l’Information
sur la Sécurité Nucléaire
- HCTISN - sur le thème "Qu’est-ce
que le MOX ? ", avec le sous-titre "Recycler pour
polluer encore plus" qui confirmait :
"..Il
est reconnu que le MOX est un combustible beaucoup plus dangereux du fait
qu’il est enrichi en plutonium. Il faut, ne serait-ce que
pour son transport, des mesures beaucoup plus importantes que pour le
combustible classique. En terme de dégâts sur la santé,
chimiques et radiologiques, l’inconvénient du plutonium par
rapport à l’uranium c’est qu’il a des
durées de vie beaucoup plus longues donc, il est dangereux,
peut être aussi dangereux que l’uranium mais encore plus longtemps,
plusieurs milliers d’années … ».
Pourtant,
à en croire Corine Castanier, directrice de la CRIIRAD, ce Haut
Comité pour la Transparence et
l’Information sur la Sécurité
Nucléaire serait composé pour l’essentiel
de pronucléaires, « ne pouvant être saisi que
par quelques hauts responsables et par l’ensemble des exploitants
nucléaires (ni par les citoyens ni par les associations)
». Il bénéficierait de larges financements publics
pour élaborer de l’information, organiser des débats
et mettre en œuvre des expertises... Propos de Corinne Castanier
accessibles dans l’ouvrage intitulé Pour repolitiser l’écologie
aux éditions Parangon/Vs page 85..".
Cette analyse
rend les propos de M. Lallier (qui est membre du HCTISN) d'autant plus
incontestables et inquiétants.
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B3-2- |
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Le
site Socio informatique
et argumentaire révèle par ailleurs que:
"...Plusieurs incidents (batailles juridiques sur
des falsifications des contrôles de sécurité) ont
contraint les électriciens nippons à différer le
chargement des réacteurs en MOX qui aurait dû commencer en
1999. Et, à la suite des scandales de TEPCO et d’autres électriciens,
les gouverneurs de Fukui et de Fukushima ont retiré leur accord
au chargement en MOX des centrales situées dans ces deux départements.
Les autorités d’Aomori exigent des garanties pour donner
le feu vert à la construction d’une unité de fabrication
du MOX dans le complexe de Rokkasho.
Et le Mox de ressurgir comme un des facteurs aggravants du processus
catastrophique en mars 2011.".
Actuellement,
le MOX est essentiellement produit par le groupe français AREVA,
"champion auto-proclamé" de la sécurité.
On se rappelle peut-être, à ce propos, une déclaration
de sa direction, selon laquelle certains marchés de construction
de centrales auraient échappé à AREVA (appel d'offre
remporté par un concurrent Sud-Coréen), pour la raison d'un
surcoût induit par des normes de sécurité
plus importantes (que s'imposerait l'opérateur français).
Il n'empêche ... AREVA n'a pas hésité à livrer
à Fukushima du MOX destiné à une centrale de conception
ancienne et dont les conditions de sécurité faisaient problème
au Japon.
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B3-3- |
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En
janvier 1997, le site Dissident-media publiait déjà
un dossier
technique sur le MOX et sur les matériaux :
"...La
commission Superphénix a étudié ces problèmes
de métallurgie. Elle a regardé l'axe MOX-RNR. Mais comme
ce qui est prépondérant est la teneur en plutonium on peut
utiliser leurs travaux pour se faire une idée des besoins du MOX-REP
pour atteindre les fameux taux de combustion indispensables à
sa rentabilité. De plus il s'agit d'un élément
important pour la sûreté des réacteurs.
Le comportement des matériaux en réacteurs comme
il est souligné dans le rapport reste un point difficile à
estimer. En effet les 3 effets suivants :
- diffusion
rapide du plutonium au travers des gaines, a été découverte
sur les UNGG. Ceci avait imposé l'interposition d'une barrière
de diffusion entre le combustible et la gaine;
-
la croissance sous irradiation, a été découverte
précocement. On a pu l'éviter en utilisant de l'oxyde
pour le combustible mais ce phénomène est préoccupant
quand on accroît le taux de combustion car il se manifeste aussi
dans les gaines de zircalloy.
-
le gonflement du combustible, des gaines, des éléments
de structure.
Ces
3 phénomènes n'avaient pas pu être prédits
et même maintenant le cas 2 n'est pas encore complètement
compris.
Si on enrichit en plutonium pour pouvoir faire plusieurs cycles, il faut
compléter les études car on connaît mal
les réactions oxyde-gaine, l'interdiffusion et les propriétés
mécaniques des combustibles.
Pour pouvoir fonctionner à haut taux de combustion,
seule façon semble-t-il de valoriser le MOX, il
faut faire des recherches sur le gainage. Il faut définir de nouveaux
aciers, vérifier les assemblages. Un vaste programme de recherche
est essentiel si on veut utiliser le MOX en toute sécurité.
Mais de l'avis des spécialistes l'effort sera de longue durée
et les résultats ne sont pas garantis. Il se peut que le
problème perdure..."
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B3-4- |
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Il
faut enfin citer une étude réalisée par un groupe
d’experts de l'AEN (Agence de l'Energie Nucléaire,
qui regroupe les meilleures compétences au monde dans le domaine
de l'énergie nucléaire), étude pour l' "évaluation
technique des cycles du combustible à très haut taux de
combustion dans les Réacteurs à Eau Ordinaire (REO) d’aujourd’hui
... Il s’agissait d’étudier les répercussions
de tels taux sur le cycle du combustible, l’exploitation et la sûreté
du réacteur et l’économie du cycle du combustible."
Cet
article résume les conclusions du rapport (Actualités,
AEN Infos 2006 – N° 24.2)
Quelques extraits de cet article :
=> Stratégies de gestion du combustible et leurs conséquences
sur la conception et la sûreté du cœur du réacteur
" Quelle que soit la solution choisie, il faut, pour augmenter le
taux de combustion au déchargement, un enrichissement initial supérieur.
Ce relèvement du taux d’enrichissement modifie profondément
la gestion du combustible dans le cœur ... il faut veiller à
s’assurer que les paramètres du cœur, pic de puissance,
coefficient de réactivité et marges de sûreté
à l’arrêt restent dans des limites acceptables...."
=> Fonctionnement des réacteurs et comportement thermomécanique
du combustible
" Pour ce qui concerne la thermohydraulique, il faudrait parvenir
à mieux comprendre les effets de la corrosion, de l’accumulation
de dépôts et des distributions axiale et radiale de puissance
sur le flux thermique critique à ces taux de combustion et recueillir
des mesures sur les gainages conçus pour ces hauts taux de combustion.
Il sera nécessaire de vérifier la précision des modèles
de température en régimes permanents et transitoires à
ces taux de combustion, et l’on aura peut-être besoin pour
cela d’adapter la conception des assemblages...."
=> Économie
" Bien que certains pays aient déjà déterminé
les concepts et stratégies qu’ils appliqueront pour l’aval
du cycle et ne puissent pas augmenter les taux de combustion à
volonté, la majorité des exploitants de REO ont d’excellentes
raisons d’adopter des cycles à très haut taux de combustion.
Dans certaines situations, ces très hauts taux permettront
une économie sur les coûts du cycle que les producteurs d’électricité
apprécieront particulièrement. Les coûts
du cycle du combustible sont en effet un facteur sur lequel les producteurs
d’électricité peuvent influer directement, ce
qu’ils ne manqueront pas de faire car nombreux sont ceux qui, opérant
sur des marchés libéralisés, subissent une très
forte concurrence. "
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B3-4- |
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Plus
récemment, l'Autorité environnementale s'est interrogée
sur la filière Mox développée par EDF
(10 aout 2011)
" L'Ae vient de rendre un avis sur la demande d'autorisation pour
l'utilisation du Mox dans les tranches 3 et 4 du Blayais. L'occasion pour
l'Ae de pointer l'absence d'évaluation de la stratégie
française d'utilisation du Mox développée depuis
25 ans."
Cette
absence d'évaluation officielle revient en fait à autoriser
cette technique, sur le seul argument de sa prétendue rentabilité.
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-B4- |
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ITER...
le réve ? |
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B4-1- |
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Le
projet ITER est un rêve... Il en possède toutes les caractéristiques
: l'homme devient capable de reproduitre indéfiniment la fusion
réalisée par le soleil lui-même,
et toutes les nations (sauf celles qui se sont retirées du projet)
collaborent enfin pour le bien commun...
Pourtant,
ce
point de vue ne fait pas l'unanimité...
Parmi ceux-ci, le Physicien Jean-Pierre Petit, physicien des Plasma, ancien
directeur de laboratoire au CNRS s'exprimait le 24 novembre 2011 dans
le journal "L'expansion" sous le titre: "ITER
: une machine dangereusement instable". Apparemment, cette référence
n'est plus accessible sur ce site mais elle l'est encore sur le site fr.scott.net
: http://fr.sott.net/article/6235-ITER-une-machine-dangereusement-instable.
Il déclarait notamment:
"J'ai travaillé huit mois sur le dossier d'ITER et des «
tokamaks » , à la demande de Michèle Rivasi, députée
européenne. Conseillé par des spécialistes, bâillonnés,
car encore en activité, j'ai découvert, ce que
ces gens savent de longue date : que ces tokamaks sont des machines terriblement
instables.
Peu de gens, sauf des spécialistes des plasmas confinés
savent comment fonctionnent ces chaudières toriques que sont les
tokamaks, ITER n'étant que la version géante de ces machines
où on projette d'exploiter l'énergie dégagée
par la fusion de deux isotopes de l'hydrogène, le deutérium
et le tritium, mélange porté à cent millions
de degrés. Une fusion qui a déjà été
réalisée sur la machine anglaise JET en 1997, pendant...
une seconde.
L'immense majorité des gens, y compris les politiques et les décideurs,
n'en savent pas plus que ce qu'on leur sert à longueur d'année,
dans des documents de propagande installés sur le net. ITER, deux
fois plus grand que le JET, sera « le Soleil dans une éprouvette
», « l'énergie illimitée ». Une «
machine du futur » qui ne devrait produire ses fruits, c'est à
dire de l'énergie électrique, qu'à la fin du siècle,
à travers ses successeurs, DEMO, puis PROTO, avec à chaque
fois un gain en taille d'un facteur 2.
Ceux-ci sont parcourus par un fort courant électrique, qui se boucle
dans leur chambre torique. Dans le JET anglais : 4 millions d'ampères.
Dans ITER : 15 millions. Une fuite, un dysfonctionnement dans le système
qui crée le champ magnétique de confinement, ou simplement
des poussières détachées de la paroi peuvent en un
millième de seconde provoquer un décrochage complet. La
température du plasma s'effondre alors d'un facteur 10.000, le
champ magnétique devient chaotique. Il se produit alors
ce qu'on appelle une disruption. Cessant de se boucler sur lui-même,
l'énorme courant électrique se projette sur la paroi selon
un arc électrique dont l'intensité égale celle du
courant de fonctionnement, évoqué plus haut. Imaginez
un dragon qui se mordrait la queue et, lâchant soudain celle-ci,
il s'en irait aussitôt mordre la paroi de sa prison, avec fureur.
Dans les machines actuelles, ceci engendre des dégâts spectaculaires,
mais superficiels.
Les colères d'ITER qui, prédisent les spécialistes,
atteindront les 15 millions d'ampères, perforeront
une paroi d'un centimètre d'épaisseur, composée à
80 % d'un métal toxique et cancérigène, le béryllium,
dont la température de fusion n'est que de 1280°C. Ce sursaut
paroxystique s'accompagnera de forces gigantesques (de
5000 à 15.000 tonnes pour ITER) susceptibles d'endommager gravement
la machine. Dans une thèse récente, l'anglais Andrew
Thurston dit que si une disruption se produisait sur une machine comme
DEMO, cela serait simplement catastrophique.
Ces disruptions, peut-on les éviter ? Difficilement, les
causes étant très variées. Une simple fuite,
l'abrasion de la paroi, peuplant le plasma de fines particules, la moindre
erreur technique peuvent déclencher l'instabilité, qui se
développera alors si rapidement, en un millième de seconde,
qu'il ne sera pratiquement pas possible de la contrer.
J'ai rédigé un rapport que Michèle Rivasi a diffusé
au sein de la commission Information Recherche Energie. Traduit en anglais,
ce document touchera bientôt les 124 membres de cette commission.
Elle l'a également transmis à la commission du budget.
Ceci a déclenché la fureur de Bernard Bigot, Administrateur
Général du CEA, qui a cherché à provoquer
une rencontre entre cette parlementaire et des spécialistes d'ITER.
Michèle Rivasi a donc invité ceux-ci « en terrain
neutre », dans un local de l'Assemblée Nationale, le 16 novembre
dernier, en exigeant que je sois présent et que cette rencontre
soit filmée par un journaliste. Les experts ont déclaré
forfait. Michèle Rivasi ne compte pas en rester là,
et recherchera un débat public à l'Assemblée Nationale
ainsi que dans les médias. On trouvera ce fameux rapport sous le
titre: "ITER
Chronique d'une faillite annoncée" et un document
plus étoffé à
cette adresse. Comme elle le souligne, alors que les spécialistes
étaient parfaitement au courant, on a caché cette dangerosité
au public et aux décideurs. Au cours d'une visite à
Cadarache, en questionnant les responsables, elle a même découvert
avec stupeur qu'il n'avait pas été prévu d'assurer
ITER ! "
Ce
texte me semble-t'il méritait d'être cité intégralement.
Voir
aussi la vidéo.
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B4-2- |
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Une
autre thèse récente (que celle de Andrew Thurston, citée
plus haut) confirme les craintes à propos des disruptions
d’un plasma de tokamak, (-
Cédric REUX - 2010 - référence donnée sur
le site du CEA)
"
Les disruptions des plasmas de tokamak sont des phénomènes
menant à la perte totale du confinement du plasma en quelques millisecondes.
Elles peuvent provoquer des dégâts considérables sur
les structures des machines, par des dépôts thermiques localisés,
des forces de Laplace dans les structures et par la génération
d’électrons de haute énergie dits découplés
pouvant perforer les éléments internes. Leur évitement
n’étant pas toujours possible, il apparaît nécessaire
d’amoindrir leur conséquences, tout spécialement pour
les futurs tokamaks dont la densité de puissance sera de un à
deux ordres de grandeurs plus importante que dans les machines actuelles.
" (Voir en annexe la suite
du résumé de la thèse).
On peut cependant émettre quelques doutes quant au réalisme
d'une méthode d'Injection Massive de Gaz (IMG)
qui devrait pénétrer dans l'enceinte du Tokamak en quelques
millisecondes, avant que la disruption n'ait commis de
dégats.
Il
faut absolument consulter aussi les autres dossiers que plusieurs organisations
ont consacré à ITER. Parmi ceux-ci :
Ce
dernier dossier livre des avis autorisés de scientifiques, dont
trois prix nobel de physique: Pierre Gilles de Gennes, Georges Charpak,
Masatoshi Koshiba.
Question
posée à Pierre Gilles de Gennes, prix nobel de physique:
"Avez-vous d'autres réticences vis-à-vis du réacteur
expérimental Iter ?"
Réponse: "Oui. L'une repose sur le fait qu'avant de construire
un réacteur chimique de 5 tonnes, on doit avoir entièrement
compris le fonctionnement d'un réacteur de 500 litres
et avoir évalué tous les risques qu'il recèle. Or
ce n'est absolument pas comme cela que l'on procède avec le réacteur
expérimental Iter. Pourtant, on n'est pas capable d'expliquer totalement
l'instabilité des plasmas ni les fuites
thermiques des systèmes actuels. On se lance donc dans
quelque chose qui, du point de vue d'un ingénieur en génie
chimique, est une hérésie.
Et puis, j'aurais une dernière objection. Connaissant assez bien
les métaux supraconducteurs, je sais qu'ils sont
extraordinairement fragiles. Alors, croire que des bobinages
supraconducteurs servant à confiner le plasma, soumis à
des flux de neutrons rapides comparables à une bombe H, auront
la capacité de résister pendant toute la durée de
vie d'un tel réacteur (dix à vingt ans), me paraît
fou. Le projet Iter a été soutenu par Bruxelles
pour des raisons d'image politique, et je trouve que
c'est une faute.
Le
prix Nobel de physique Chapak qui a consacré une
grande partie de sa carrière à la physique nucléaire,
publiait une
tribune en aout 2010, où il s'élevait contre le réacteur
nucléaire expérimental fITER, non pas au nom d'une position
antinucléaire mais parce qu'il "craignait surtout que le coût
de la construction d’ITER, dont le budget prévisionnel
venait de passer de 5 à 15 milliards d’euros, n’assèche
les financements de la recherche scientifique européenne et menace
« de nombreuses recherches autrement plus importantes, y compris
pour l’avenir énergétique de notre planète
» "...
C'est également la position de nombreux scientifiques : il y a
fort à parier que si des financements équivalents étaient
consacrés à la recherche sur d'autres énergies renouvelables,
les résultats industriels seraient au rendez vous bien avant ceux
hypothétiques promis par ITER.
Citant
un proverbe chinois - "Tête de mouton, mais viande de chien"
-, le Pr japonais Koshiba, prix Nobel de physique, spécialiste
de physique fondamentale, reproche aux partisans d'Iter de présenter
le projet comme "la source d'énergie de la prochaine génération",
ce qu'il n'est pas, selon lui.... "Ce projet n'est plus aux
mains des scientifiques, mais dans celles des hommes politiques et des
hommes d'affaires. Les scientifiques ne peuvent plus rien changer",
déplore-t-il avant d'ajouter : "j'ai peur".
Car,
cerise sur ce gateau explosif... ce programme n'est pas tout
à fait gratuit.. voici quelques
chiffres publiés :
"Le
programme nucléaire Iter voit son enveloppe rallongée pour
2012-13
Le parlement européen et les Etats sont parvenus à un compromis
sur le budget alloué au programme nucléaire de Cadarache.
1,3 milliard d’euros supplémentaires lui sera accordé.
Retard de livraison, implantation sur un site à risque sismique
: depuis son lancement en 2007, ITER a vu son budget exploser. La
contribution de l’Union européenne, initialement prévue
à 2,7 milliards, est désormais estimée à 6,6
milliards d’euros, dont 1,4 milliards d’euros pour
le budget 2012-2013
L’Union européenne prend en charge 45% du financement du
programme ITER. Les autres partenaires (Etats-Unis, Corée du Sud,
Japon, Chine, Inde et Russie) partagent les 55% restant.
Gouffre financier".... de l'ordre de 15 milliards
d’euros pour la prévision actuelle.
Précision
nécessaire : ce n'est un "gouffre financier" que pour
celui qui paie, i.e. en dernier ressort le contribuable... Car
pour celui qui finance, c'est au contraire une montagne de profit : une
ressource financière d'autant plus intéressante qu'elle
comporte une garantie de pérennité dès lors que le
programme est engagé : l'engagement financier des états
est trop gros pour être abandonné en cours de route !!!
Rappelez
vous, on a déjà vécu ça : "Too
big to fall"... banques renflouées, citoyens floués...
Iter, le rêve ? ... Iter,
le naufrage pouvait-on lire sur Mediapart (le 12 Janvier
2012).
Voir
aussi un compte-rendu de l'association MEDIANE sur la conférence
du Directeur de l'agence ITER France du 6 juin 2013, suivi d'un compte-rendu
du physicien Jean-Pierre PETIT
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-B5- |
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Zéro
dégagement de CO2 pour l'énergie nucléaire ? |
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-B5-1- |
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Pour
tous ceux qui sont soucieux d'environnement, le dégagement de Gaz
à Effet de Serre (et donc de CO2) est une question cruciale car
elle impacte les équilibres thermiques, climatiques et donc écologiques
de notre planète. La production d'énergie électrique
n'échappe pas à la règle : comme toute production
industrielle : elle produit elle-aussi du CO2...
Le
fait qu'en France l'électricité soit très majoritairement
(à 76%) d'origine nucléaire nécessite d'y voir plus
clair quant au dégagement du CO2 imputable au nucléaire.
C'est
ce qui justifie la mise au point que nous voulons réaliser ici.
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-B5-2- |
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Électricité
produite versus électricité réellement consommée.
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On
trouve, dans la littérature, de nombreux documents qui s'intéressent
aux quantités de CO2 émises par la production d'électricité,
documents qui montrent bien entendu la grande variabilité des quantités
de CO2 émises, selon l'origine de la production (centrales au charbon,
au gaz, nucléaires, photovoltaîque, etc...). Nous y reviendrons
plus bas.
D'autres documents, par contre, visent à établir une distinction
entre l'énergie produite et l'énergie réellement
consommée. et nous allons, dans un premier temps, montrer
l'intérêt de cette distinction.
D'une
part, elle met en évidence le fait qu'une partie de l'énergie
produite n'est pas réellement consommée à cause des
pertes en lignes. D'autre part et surtout, elle établit que la
consommation n'est pas uniforme en volume et subit des variations importantes
au cours de la journée et en fonction des saisons.
Dans
l'état actuel de nos moyens de production, c'est la
structure de la consommation qui exige donc le recours
à différents types de production d'électricité.
Les centrales nucléaires dont on peut très faiblement faire
varier la production d'électricité assurent en France l'essentiel
de la partie stable de la consommation. Et les pics de consommation sont
assurés par des sources plus souples dans leur usage : énergies
hydrauliques ou éoliennes (quand elles sont disponibles), mais
surtout électricité produite par des centrales thermiques
(charbon ou gaz...).
La
structure de production et de consommation d'électricité
impose ainsi le recours à des sources qui n'ont pas toutes les
mêmes caractéristiques d'émission de CO2. De sorte
que si un type d'usage tombe majoritairement dans des heures creuses (électricité
d'origine majoritairement nucléaire), sa dépense en CO2
sera plus faible que pour un usage en heures pleines (proportion plus
importante d'électricité produite par des centrales à
charbon).
Certains
usages comme le chauffage électrique correspondent à des
périodes de pics de consommation (après 18 heures et en
hiver) qui nécessitent une contribution importante d'électricité
thermique. Dans ces conditions, on peut considérer
que la contribution du chauffage élecrique aux dégagements
de CO2 est plus importante que la même quantité d'électricité
qui serait consommée pour de l'éclairage de bâtiments
publics, dans la journée.
Une cartographie des différents types d'usage de l'électricité
permet d'adapter la production à la consommation et montrer que
"le coût" en CO2 du KW.h électrique réellement
consommé dépend de l'usage pour lequel il est consommé.
Les deux articles suivants précisent la méthodologie utilisée
pour en rendre compte:
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-B5-3- |
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Utiliser
cette distinction pour éviter les confusions...
C'est que ne font pas les deux autres articles cités ci-dessous
qui critiquent ces résultats et cette méthodologie:
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|
-
Un article de Remy Prud'homme , Professeur émérite à
l'Université de Paris XII publié le mardi 17 novembre
2009 sous le titre: "Electricité
: les calculs bidons de l'Ademe" http://energie.lexpansion.com/climat/electricite-les-calculs-bidons-de-l-ademe_a-35-2077.html
qui, d'une part conteste la réalité des pics
de consommation et, d'autre part ironise: "Pour arriver à
ce chiffre l’ADEME avance que les électrons produits
en France (plus intelligents sans doute que les électrons produits
ailleurs) choisissent leurs usages. A un moment donné, et en
particulier à l’heure de pointe, les électrons
de l’électricité thermique se dirigent en masse
vers le chauffage, cependant que leurs collègues hydrauliques
ou nucléaires préfèrent travailler dans les usines
ou les cuisines.". Ironie qui masque (assez mal) le fait que
ce monsieur n'a pas bien compris l'intérêt
de la méthodologie de l'ADEME...
Pour
comprendre l'enjeu de cette discussion, il faut d'abord rappeler la distinction
entre énergie primaire et énergie
finale.
- Pétrole, gaz, combustible nucléaire sont des énergies
primaires, i.e. ces matières premières contiennent une certaine
quantité d'énergie avant transformation éventuelle.
- Par contre, l'électricité (produite par une centrale thermique,
au gaz ou nucléaire ou autre) est une énergie finale produite
à l'issu d'un processus avec un certain rendement.
Pour les centrales thermiques ou nucléaires, le rendement est de
l'ordre de 33% (en gros, celui des turbines), ce qui signifie que 2/3
de l'énergie consommée (pour faire de l'électricité
via les turbines) est perdue : chaleur dissipée
dans la nature, participant au réchauffement de l'air, des cours
d'eau, etc... Il est donc préférable d'utiliser une source
d'énergie primaire (solaire thermique, bois, gaz...) pour se chauffer,
plutôt qu'utiliser de l'électricité ce qui, sur
le plan des rendements, est une totale absurdité.
Et donc, contrairement à ce que prétend monsieur P. Mulin
dans son étude ci-dessus : oui, le chauffage électrique
est aussi en cause !!!
Ces quelques précisions méthodologiques éviteront
la confusion entre les émissions de CO2 correspondant à
l'électricité produite et à l'électricité
réellement consommée.
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-B5-4- |
|
D'autres
questions viennent à l'esprit, comme la proportion que représente
l'énergie électrique d'origine nucléaire par rapport
à l'énergie totale consommée. Cette proportion donne
une idée sur l'économie de CO2 que représenterait
un recours croissant au nucléaire. Cette question (d'un bilan énergétique
global) ne sera pas abordée ici.
Celà dit, revenons à notre premier objectif qui est "simplement"
d'identifier le dégagement de CO2 spécifique à
la production d'électricité par la filière nucléaire,
encore que "simplement" ne soit pas le mot adéquat ...
En effet, la difficulté majeure tient au fait que les études
nécessaires pour pouvoir répondre à cette question
mettent en jeu un nombre important de données, pas toujours accessibles.
En tous cas, aussi bien AREVA qu'EDF n'ont jamais publié, dans
le détail, les différents éléments intervenant
dans cette estimation. Pour pallier à cette insuffisance de données,
sont mises en oeuvre des méthodes par extrapolation, pas nécessairement
très fiables. Par exemple, pour évaluer le CO2 produit dans
la phase d'extracttion du minerai, on pourra procéder par analogie
avec l'extraction du charbon dans les mines. Pour évaluer le coût
en CO2 des infrastructures en béton, on procèdera par analogie
avec des chantiers connus et on évaluera le résultat en
fonction d'une donnée de CO2 par m3 de béton.
|
-B5-5- |
|
Citons
tout d'abord les chiffres en présence avant d'en venir à leur
interprétation. |
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L'ADEME
(Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) qui place
le "développement durable" au coeur de son action, a
réalisé une base de données publiques (La Base Carbone®
) contenant un ensemble de facteurs d’émissions. Elle est
actuellement utilisée pour la réalisation réglementaire
ou volontaire, de bilans GES (Gaz à Effet de Serre). Cette Base
est issue des travaux du Bilan Carbone®, et contient plus de 1900
facteurs d’émissions (kg équivalent CO2 par unité)
et 800 données sources. Cette base est capable de vous indiquer,
par exemple, que 17600 Kg de CO2 sont nécessaires à
la production d'une tonne de viande nette commercialisable !!!
Le
site MANICORE ( http://www.manicore.com/missions/bilan_carbone.html
), qui se fait le promoteur de l'outil de l'ADEME, publie le graphe (ci-dessous)
d'émission de C02 lors de la production d'électricité,
en fonction des sources d'énergies utilisées.

Ce
graphique utilise comme unité d'énergie la "Tonne
Equivalent Pétrole" (TEP), sachant
que 1TEP = 11.600 KWh électriques. D'où il ressort que l'électricité
nucléaire consommerait 19 Kg équivalent Carbone par TEP,
soit environ 1,638 grammes équivalent Carbone par KWh...
valeur comprise entre celles de l'hydroélectrique et de l'éolien.
Remarque
sur les unités : un kilogramme de CO2 contient 0,2727 kg de carbone.
L’émission d’un kilogramme de CO2 vaut donc 0,2727
kg d’équivalent carbone. Donc 1 kg d’équivalent
carbone correspond à l'émission de ( 1/ 0,2727 ) Kg de CO2.
Ainsi, pour l'électricité nucléaire : 1,638
g équivalent carbone par KWh => 6 grammes de CO2 par KWh.
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-B5-6- |
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Répartition
entre les différentes contributions aux émissions de CO2
intervenant dans le processus de fabrication de l'électricité
nucléaire.
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Une
autre publication (qui fait elle aussi référence à
l'ADEME, concernant le dégagement de CO2 par le nucléaire)
de la Société
BCO2 Ingenerie -société privée de Conseil
en Bilan Carbone- est très souvent citée dans les débats
sur le CO2. Elle propose la synthèse que nous reproduisons ci-dessous
:

"
Le total est d'environ 6 g CO2 / kW.h, les 2/3 étant
lié au fonctionnement, 1/3 à la construction des infrastructures.
A l'international, cette valeur peut être portée
à plusieurs dizaines de grammes de CO2e / kW.h en fonction de la
nature de l'approvisionnement en uranium, de son enrichissement, de la
consommation de la centrale en minerai, de sa technologie, et de sa durée
de vie ( source B. K. Sovacool 2008 )."
Fin de citation.
|
-B5-7- |
|
Un
autre article apporte quelques précisions quant aux paramètres
intervenant dans l'estimation, mais laisse dans l'incertitude
quant à la valeur des résultats numériques.
Il s'agit de: "Le
nucléaire émet moins de CO2 que le solaire et l'éolien."
publié sur le site de l'Expansion -lundi 10 janvier 2011- http://energie.lexpansion.com/energie-nucleaire/le-nucleaire-emet-moins-de-co2-que-le-solaire-et-l-eolien_a-32-5396.html
par Hervé Nifenecker, -Président d'honneur de Sauvons Le
Climat- reproduit ce même résultat de 6 g CO2
/ kW.h.
Je
cite un extrait de ce texte :
- "...La
quantité d'énergie nécessaire pour cette opération
peut être estimée à partir de
celle observé pour l'exploitation de mines de charbon
à ciel ouvert. Dans ce cas on a calculé que l'énergie
d'extraction était de 0,045 tep/tonne. Pour les 200.000 tonnes
de minerai, il faut donc consommer 9000 TEP. A une telle énergie
correspond une émission de CO2 d'environ 30.000 tonnes."
-> Dans le cas des mines de charbon à ciel ouvert, est-on
sûr que les conditions d'extraction soient "les
mêmes" que celles des mines d'Uranium, alors que
les coûts d'exploitation des mines d'Uranium sont en augmentation
du fait de l'augmentation des difficultés d'extraction ? Ces
difficultés d'extraction seraient-elles sans incidence sur
le CO2 lié à l'extraction du minerai ?
Mais sous ces hypothèses, bien sûr... la valeur de 30.000
tonnes de CO2 serait correcte
-
Les
mêmes incertitudes pèsent sur la détermination
des autres évênements intervenant dans la dépense
de CO2,
->
En particulier, concernant la construction proprement dite
du réacteur, l'exemple qui est chois (celui de l'EPR) est éloquent
: Comment peut-on tabler sur 60 années d'exploitations ?
->
Comment
a-t'on pris en compte, dans cette estimation, les sur-coûts
de ce chantier passant en quelques années, de 3 à 8,5
milliards d'Euros, et a-t'on pris en compte et évalué
la sur-dépense en CO2 correspondant à cette complexification
du chantier ?
->
Les
normes de construction, qui semblent avoir changé en cours
de chantier, ont eu quelle répercussion sur le CO2 ? L'augmentation
parfaitement justifiée des normes de sécurité
a conduit à renforcer les épaisseurs de béton
prévues, avec un surcoût en CO2 évident et conséquent
: à titre d'exemple, le tablier sous le coeur de la centrale
de Fessenheim fait 1 mètre d'épaisseur
(voir: Centrale
nucléaire de Fessenheim - Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucleaire_de_Fessenheim
) alors que celui de Fukushima faisait 7,60 mètres
d'épaisseur. (voir: Le
béton des enceintes de trois réacteurs serait entamé
à Fukushima - http://www.lemonde.fr/japon/article/2011/12/01/le-beton-des-enceintes-de-trois-reacteurs-serait-entame-a-fukushima_1611417_1492975.html
).
Citons
encore cet article : "...Mais, dans un calcul des émissions
sur le cycle de vie, il faut aussi inclure les émissions de CO2
au cours des opérations minières, d'enrichissement, de construction,
de retraitement des combustibles usés et de stockage."
-
Concernant le stockage, quelle solution a-t'elle
été prise en considération ? enfouissement
? dans quelles conditions ? à quelles profondeurs ? avec
quel coût en CO2 ? Les expériences actuelles d'enfouissement
ont démontré l'ampleur des chantiers nécessaires,
la durée et la lourdeur des travaux (creusement de galleries
profondes, bétonnage, etc..
-
Et puis, le plus grand absent dans cette liste d'évênements
à prendre en considération n'est autre que le démantellement
des centrales. Sachant que les chantiers de dématellement
sont très lourds, prévus pour durer plusieurs dizaines
d'années et sont plus complexes encore que les chantiers de
construction, comment ignorer totalement le coût en CO2 de ces
opérations ?
->
En
réalité, l'incertitude sur le CO2 consommé pour
ces opérations n'a d'égale que l'incertitude sur leur
coût financier et sur les méthodes à mettre en
oeuvre.
->
Effectuant une extrapolation sur les 58 réacteurs
Français, la Cour des Comptes dans son rapport de Janvier 2012,
réalisait en effet 11 comparaisons internationales pour les
coûts de démantellement, d'où il ressortait une
estimation à 18 Md €2010 pour EDF, alors qu'elle ressortait
à une moyenne de 53 Md €2010 sur 4 estimations différentes
en Allemagne. Autrement dit 3 fois plus.
Ce rapport 3 sur les coûts se traduit-'il aussi par un facteur
du même ordre dans les estimations de CO2 relative à
ces opérations de démantellement ?
|
-B5-8- |
|
Une
valeur "officielle"...
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Devant
l'énormité des approximations effectuées
pour "évaluer" la consommation de CO2 pour la production
d'électricité nucléaire, il est pour le moins "surprenant"
que les défenseurs du nucléaire citent toujours
exactement la valeur de 6 g CO2 / kW.h,. En fait il s'agit d'une
valeur officielle, reprise en boucle sans plus de précisions,
et ceux qui s'y essaient, comme on vient de le voir, n'accomplissent pas
une prestation très convaincante.`
-
"L’extraction
par exemple de l’uranium par des filiales d’AREVA au Niger
nécessite de l’énergie. Les pelles, les camions
et les machines utilisés pour l’extraction fonctionnent
au fioul et grâce à une centrale thermique au charbon
extrêmement polluante.
Lorsqu’on évoque l’énergie nucléaire,
il faut l’analyser du début, sur la mine d’uranium
à la fin, c’est-à-dire le retraitement, pour ce
qui concerne la France. Ce qui est frappant, c’est qu’à
chaque étape, il y a des rejets de CO2.
Tout l’uranium brûlé dans les centrales françaises
passe par la Comurhex de Malvesi, près de Narbonne, qui purifie
l’uranium naturel pour en faire de l’UF4. Cette usine
a rejeté en 2007, selon les propres chiffres d’AREVA,
384 500 tonnes d’équivalent CO2 et d’oxydes nitriques,
ce n’est pas rien".
- Comme
l'indique encore Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire,
chef du laboratoire de la Criirad : « Il
ne faut pas laisser croire que l’énergie nucléaire
est propre » . http://www.enviro2b.com/2009/12/23/«-il-ne-faut-pas-laisser-croire-que-lenergie-nucleaire-est-propre-»/
"...Lorsque
l’industrie nucléaire affirme que cette énergie
ne fait pas de CO2, c’est faux parce qu’à chacune
des étapes de la production et de l’utilisation de l’énergie
nucléaire, il y a des rejets de CO2...
...Il existe de nombreuses études qui démontrent qu’à
force d’aller chercher un minerai de plus en plus pauvre en
uranium, il faut de plus en plus d’énergie pour accéder
à ce minerai. Le bilan énergétique et le bilan
carbone de cette filière nucléaire est, et sera à
l’avenir de plus en plus dégradé.
Il serait très intéressant qu’Areva publie un
bilan carbone de l’ensemble du cycle du combustible nucléaire.
Il faut savoir que même l’usine de retraitement de La
Hague, est une des industries qui rejettent le plus de gaz à
effet de serre de la région nord-Cotentin, 80 000 tonnes de
CO2 en 2007...
...Par ailleurs, il y a une question qui n’est jamais traitée...
c’est la question de la vapeur d’eau, qui est un gaz à
effet de serre. Si on veut être scientifiquement juste, lorsqu’on
parle du nucléaire, il faut que la filière nucléaire
sorte un bilan carbone honnête et scientifique sur toutes ces
étapes..."
|
-B5-9- |
|
Une
compilation de 19 études réalisées dans 9 pays au
monde...
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|
|
Il
faut reconnaître à l'étude de BCO2 Ingenerie (citée
plus haut en -5-) le mérite d'avoir mentionné l'étude
SOVACCOL de 2008 ( bien que cherchant à expliquer
qu'elle ne s'appliquerait pas à la France ).
Pour clore ce débat sur le CO2, voyons quels sont les résultats
de cette étude.

où
l'on voit que l'émission de CO2 serait 11 fois supérieure
à celle estimée par l'ADEME !!!
Une
publication sur le site TerraEco
http://www.terraeco.net/Oui-le-nucleaire-emet-bien-du-CO2,16535.html
précise que cette étude (réalisée par Benjamin
SOVACOOL, chercheur, Université de Singapour) résulte elle-même
de la compilation d'analyses de cycles de vie de différentes centrales
nucléaires (au nombre de 103).
..." Pour faire son étude, le chercheur a écarté
les centrales les plus anciennes (antérieures à 1997), celles
peu accessibles et celles qui suivaient une méthodologie impossible
à comparer avec le reste du panel, ou qui généraient
des doutes. Au final, il a conservé 19 études exploitables
[ pays concernés: Japon, Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis, Allemagne,
Suisse, Canada, Chine, Egypte ], avec une fourchette de résultats
assez large : entre 1,4 et 288 grammes de CO2/kWh. A partir de tous ces
travaux, le chercheur de Singapour a estimé l’empreinte carbone
MOYENNE d’une centrale nucléaire à 66g de CO2/kWh...".
... "Une autre étude encore plus récente, menée
par des chercheurs belges et publiée dans la revue « Energy
Policy » en 2009, compare trois travaux portant sur les émissions
de CO2 des centrales nucléaires... Ces travaux ont été
choisis car ils sont représentatifs de ce que l’on peut trouver
dans la littérature scientifique. Et de nouveau, ils donnent une
VALEUR MOYENNE SIMILAIRE à celle estimée par SOVACOOL...
"
Textes
traduits par Anne-Sophie Dureigne, Nathalie Kummer et Emilie Pommier,
lectrices responsables de Terra eco.
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-B5-10- |
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L'objectif
essentiel...
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Pour
certains écologistes, la lutte conre le réchauffement climatique
(qui nécessite une réduction drastique des émissions
de CO2) rendrait l'énergie nucléaire incontournable car,
argument ultime, le nucléaire ne serait
responsable d'aucune émission de C02... ou si peu.
D'après
les nombreuses analyses produites par les spécialstes mondiaux
et contrairement à celle produite par les organismes officiels
français, il n'en est rien : la chaîne complète de
la production d'électricité par le nucléaire (depuis
l'extraction du minerai jusqu'au traitement des déchets et au démantellement
des centrales) produit 11 fois plus de CO2 que ne le prétend le
discours officiel qui prévaut en France, et le nucléaire
produit, par kwh, plus de CO2 que les autres sources d'énergies
renouvelables (hormis le solaire photovoltaique dont les processus de
fabrication devraient être améliorés à la fois
pour réduire les émissions de GES lors de la fabrication
des cellules et pour augmenter les rendements photovoltaïques).
11
fois plus : la distortion des résultats est grave dans
la mesure où elle accrédite l'idée fausse
que le nucléaire serait inévitable pour lutter
contre l'effet de serre.
Mais surtout, cette sous-estimation induit, en cascade, une sous-esimation
de l'empreinte écologique pour toutes les industries utilisant
l'énergie électrique, qu'il s'agisse par exemple
des transports ferrés ou des voitures
électriques dont on n'a de cesse de vanter "le zéro
CO2". (ce qui ne condamne pas pour autant le TGV ni la voiture électrique...
surtout utilisée en co-voiturage, mais cest un autre débat
!!!).
Cette sous-estimation est d'autant plus néfaste qu'elle tend à
discréditer l'idée et à occulter l'intérêt
d'un objectif pourtant essentiel, qui est la réduction
des consommations, des gaspillages, et l'amélioration de l'efficacité
énergétique de tous les dispositifs industriels
et particuliers.
D'après
l'étude SOVACCOL citée plus haut, l'émission
de C02 pour la production d'énergie électrique nucléaire,
bien que 11 fois supérieure à la valeur "officielle"
en France, reste tout de même 17 fois inférieure, en moyenne,
à celle produite par des centrales au charbon... Et l'usage
des énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) dépasse
largement celui de la production d'électricité, de sorte
que la relativement faible émission de CO2 pour la production d'électricité
(par des centrales nucléaires ou des énergies renouvelables)
ne règlent pas le problème global des dégagements
de CO2.
Cette question sera traitée au paragrahe E..
Concernant
la question du CO2 , la plupart des éléments ci-dessus ont
été repris dans le document :
"À PROPOS D'UN DÉBAT sur le CO2 et l'électricité
d'origine NUCLÉAIRE".
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